Suspendue jusqu’à nouvel ordre par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique suite à des violences entrainant le décès d’un étudiant, cette Association est sous le feu des critiques. De nombreuses voix appellent à dissolution pure et simple
Les campus universitaires au Mali sont régulièrement le théâtre de troubles graves à l’ordre public et de violences physiques avec mort d’homme. Ces affrontements entre factions rivales avec usage d’armes blanches et à feu mettent en péril la sécurité des étudiants, du personnel enseignant et administratif. Ils ont fait de nos écoles des zones de non droits, une jungle où règne la loi du plus fort.
En effet, une altercation tragique a récemment éclaté entre factions rivales estudiantines, entrainant le décès par bal d’un étudiant nommé Ahmed Traoré, chargé de communication du Comité Aeem de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Fseg). Les accrochages ont également fait de nombreuses blessures graves. Suite à cette tragédie, les activités de l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem) ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a promis des poursuites à l’encontre des coupables.
Ces incidents sont loin d’être isolés. Depuis des décennies, les campus universitaires sont des foyers de vol, de violence, de consommation de substances illicites, de séquestration et d’intimidation. Les étudiants eux-mêmes sont victimes de ces actes délibérés. La crainte des représailles des responsables de l’Aeem les empêche souvent de témoigner ou de dénoncer les auteurs de ces atrocités. L’on se rappelle que des affrontements violents sont survenus en octobre 2020. Un étudiant a été tué et 350 autres ont été blessés lors d’un affrontement avec usage de machette sur le campus de Badalabougou. Ces genres de situation sont malheureusement devenues monnaie courante.
Face à cette situation alarmante, le ministère de l’Enseignement supérieur a décidé de couper les sources de financement qu’engendrait un accord signé entre l’Aeem et le Centre national des œuvres universitaires. Des postes de police ont été installés pour surveiller de près les activités de l’Aeem. Ces mesures n’ont pas encore suffi à endiguer les violences. En témoignent les violences à répétition comme celle survenue cette semaine.
Ces événements remettent en question la légitimité et la pertinence des actions de l’Aeem aujourd’hui. À l’origine, cette association, alors appelée Union nationale des élèves et étudiants Maliens (Uneem), avait été créée par des étudiants engagés avec pour objectif de promouvoir de meilleures conditions de vie à l’université. Au fil des années, l’Aeem semble s’éloigner de ses valeurs fondatrices pour devenir une organisation associée à la corruption et à la délinquance en tout genre. De nombreux étudiants utilisent ses réseaux pour obtenir des avantages académiques ou des diplômes, ce qui contribue à une baisse de la qualité de l’éducation.
De plus, l’Aeem semble avoir un pouvoir voire une main mise sur l’attribution des bourses, suscitant ainsi de la méfiance aux yeux des étudiants. Il est crucial que les autorités prennent leurs responsabilités pour garantir la sécurité des étudiants, du personnel et de leurs biens sur les campus universitaires. Des mesures efficaces doivent être prises pour mettre un terme à ces violences et restaurer un environnement d’apprentissage sûr et sain pour tous. Une seule alternative existe en la matière : dissoudre l’Aeem.
Aminata Djibo
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