Un tragique accident survenu à Wilywily souligne une nouvelle fois les dangers liés à l’orpaillage illégal, une activité qui persiste malgré les interdictions officielles.
Le vendredi 4 avril dernier, deux jeunes garçons âgés de 4 et 5 ans ont trouvé la mort dans des circonstances dramatiques à Wilywily, un village situé dans la commune rurale de Faléa, dans le Cercle de Kéniéba. Les deux enfants se sont noyés dans une excavation remplie d’eau, située sur un site d’orpaillage illégal, au bord du fleuve Falémé.
Les faits se sont déroulés alors que les enfants jouaient sans surveillance à proximité de ce site clandestin, exploité par des opérateurs miniers étrangers, en violation d’une récente décision gouvernementale. Ce drame met en lumière une réalité inquiétante. Malgré les nombreuses interdictions imposées par l’État malien, l’orpaillage illégal continue de prospérer dans cette région, au mépris des dangers qu’il représente pour les habitants. L’extraction artisanale de l’or est une activité économiquement lucrative pour de nombreux acteurs, mais elle engendre également des risques considérables pour les populations locales, en particulier les enfants.
Une situation alarmante et persistante
Le site où la tragédie a eu lieu est un exemple typique des dangers liés à l’orpaillage clandestin. Ces zones sont souvent laissées sans aucune mesure de sécurité, sans surveillance, et deviennent ainsi des pièges mortels pour les habitants. Les excavations laissées ouvertes constituent un danger immédiat pour les personnes, en particulier pour les enfants, qui sont souvent attirés par ces endroits sans être conscients des risques.
Les autorités maliennes, bien qu’elles aient mis en place des interdictions strictes concernant l’exploitation illégale de l’or, peinent à contrôler cette activité. L’absence de ressources et de mécanismes efficaces pour surveiller et interdire ces sites, couplée à la demande élevée d’or et à la pauvreté, crée un terreau fertile pour l’expansion de ces pratiques dangereuses. En dépit des tentatives pour interdire l’orpaillage illégal, des réseaux de mineurs, souvent étrangers, continuent d’opérer en toute impunité.
Une question de sécurité et de régulation
Ce drame tragique soulève une question fondamentale : pourquoi l’orpaillage illégal continue-t-il de se développer malgré les avertissements et les interdictions ? La situation de Wilywily est symptomatique d’un problème beaucoup plus large, celui de l’absence de régulation stricte et d’une politique de prévention insuffisante dans cette région du Mali. L’absence de structures de surveillance et de régulation efficace des sites d’orpaillage a pour conséquence directe des drames comme celui de vendredi dernier.
Suite aux récents effondrements de mines artisanales survenus dans les cercles de Kangaba et Kéniéba ont causé au moins une soixantaine de morts, le président de la Transition a décidé, le 5 mars dernier, d’abroger des actes de nomination des responsables administratifs directement impliqués dans la survenance desdits incidents. Préfet, Sous-préfets, responsables des forces de sécurité (Police, Gendarmerie, Garde), services locaux des Eaux et forêts, services d’assainissement et du contrôle des Pollutions et des Nuisances, service subrégional de la Géologie et des Mines ; le coup de balai n’a rien épargné sur son passage.
Parallèlement, l’exploitation de l’or reste un levier économique majeur dans ces zones rurales, où des milliers de personnes dépendent de cette activité pour leur subsistance. Toutefois, ce modèle de développement, basé sur des pratiques illégales et dangereuses, met en péril non seulement la sécurité des travailleurs, mais aussi celle des populations locales, qui vivent souvent à proximité de ces sites d’exploitation.
Le drame survenu à Wilywily ne doit pas être qu’une simple statistique de plus dans le long répertoire des tragédies liées à l’orpaillage illégal, depuis le début de l’année 2025. Il met en lumière l’urgence d’une action gouvernementale renforcée, en matière de régulation, de contrôle et de sensibilisation. Les autorités maliennes doivent non seulement prendre des mesures concrètes pour éradiquer ces pratiques, mais aussi améliorer la sécurité et la protection des populations vulnérables vivant à proximité de ces zones à haut risque.
Dans ce contexte, une stratégie plus robuste, associant répression, régulation stricte et éducation des populations locales, semble indispensable pour éviter que de tels drames ne se reproduisent. L’État malien doit agir rapidement pour éviter d’autres pertes humaines et garantir une meilleure sécurité pour ses citoyens.
Siaka TRAORE
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