Mali : Le train siffle à nouveau dans la ville de Kayes

La transition a réussi le pari de relancer les activités du chemin de fer pour atténuer les souffrances des populations riveraines et donner un nouveau souffle à l’économie

Beaucoup de citoyens doutaient de la relance du train voyageur à cause des fausses promesses, des problèmes de gestion des marchés, de l’occupation des domaines ferroviaire et de la crise économique. Mais, grâce à la détermination des associations, des autorités et des populations, le train a sifflé à nouveau dans la ville de Kayes le 9 Juin 2023, marquant du coup la reprise des activités ferroviaires à la grande satisfaction des populations de Kayes, une ville affectueusement appelée « Cité des Rails ».
Ainsi, l’histoire a donné raison au colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, qui lors d’une visite à Kayes, avais fait part aux populations du vœux du Chef de l’Etat, le colonel Assimi Goïta, de voir le train siffler dans la ville, avant la fin de la Transition.
Lorsque Kayes est devenue la capitale du Soudan-Français (l’actuel Mali), le colonisateur a également transféré la gare ferroviaire dans cette ville de l’ancien royaume du Khasso.
Avant que la Régie des Chemins de Fer du Mali (RCFM) ne tombe en faillite à cause de la mauvaise gestion et de la privatisation, beaucoup de gens enviaient les travailleurs de cette société. Dans certaines familles, notamment celles de Kayes-Khasso, Quinzambougou et Diabougou, les gens formulaient fréquemment ce vœu : « Que Dieu fasse de l’enfant un cheminot (Allah ka den kè cheminot ye » lors des baptêmes. Un vœu qui montre à quel point le train compte beaucoup dans la vie du Kayesien.
La preuve c’est que le train a été salué à son départ de Kayes par une foule enthousiaste constituée d’autorités (administratives, politiques, élus locaux, légitimités traditionnelles, société civile), sans oublier les femmes et les enfants. En plus du gouverneur de la région de Kayes, le colonel Moussa Soumaré, ces gens ont tous tenu à être des témoins oculaires de la reprise du départ du train voyageur pour Bamako, après 5 années d’arrêt. Après avoir entendu le signal à 07:45mns, ces officiels, de même que les accompagnateurs et les autres visiteurs, des vendeurs et manœuvres, ont tous applaudi, en souhaitant « Bon Voyage » aux occupants du train qui était tiré par la locomotive CC 2207. Outre des passagers ordinaires, la ram avait à son bord un détachement de la Police Nationale.
« Je voudrais d’abord rectifier que nous sommes venus assister au départ du 1er train voyageur, symbolisant la reprise effective du trafic ferroviaire. Quant à la cérémonie de lancement officiel, ce sera un autre jour, en présence des plus hautes autorités du pays. Donc, nous nous sommes là ce matin pour être les témoins du départ du premier train voyageur, après la reprise », a déclaré le colonel Moussa Soumaré, peu avant le départ du train.
Le chef de l’exécutif régional a saisi cette occasion pour saluer l’ensemble des travailleurs de la SOPAFER (Société du Patrimoine Ferroviaire du Mali) pour leur patience et leur travail remarquable. « Pendant tout ce temps-là (période d’arrêt du train), ils ne se sont pas découragés. Ils ont continué à travailler, à espérer afin que ce jour-là soit », a-t-il souligné.
Le gouverneur Soumaré a aussi remercié l’ensemble des populations riveraines du chemin de fer pour leur patience, compréhension, sacrifice et esprit de patriotisme. « Ce n’était pas facile : pendant cinq ans, le trafic ferroviaire était arrêté et les populations en ont beaucoup souffert parce qu’il y a des endroits vraiment enclavés et le seul moyen de déplacement était le train », a estimé le gouverneur Moussa Soumaré.
Parmi les passagers à bord, nous avons approché une dame qui partait à Bamako pour des affaires. Cette dame qui a préféré garder l’anonymat, était très contente d’emprunter le train à nouveau. Même si elle estime que les frais de transport de certaines marchandises sont élevés. D’après cette passagère, une de ses voisines a payé 3 000 FCFA pour le transport de deux bidons de 20 litres d’huile.
Certains accompagnateurs étaient en colère lorsque des agents ont refusé l’accès du train à un de ses proches qui n’avait pas certainement de billet sur lui.
Vers 6 heures, ces policiers, munis de leurs sacs, étaient visibles devant l’entrée de la gare.
La veille, la vente des billets a débuté à 14 heures et en moins de 4 heures de vente, le stock était déjà fini, provoquant des frustrations chez certains passagers.
Lors d’une rencontre tenue dans l’après-midi du 8 Juin 2023 avec les travailleurs de sa société, le directeur général de la SOPAFER, Ibrahima Maïga, a demandé aux populations de bien s’occuper de ces machines et d’éviter certaines pratiques qui peuvent compromettre la bonne marche de l’activité ferroviaire. Selon lui, l’Etat a investi au moins 8 milliards de Fcfa pour la relance du train.
Le directeur Ibrahim Maïga a assuré les travailleurs, ainsi que les populations, que des dispositions seront prises pour corriger au fur et à mesure les défaillances constatées lors de la relance.
Les trois syndicats des travailleurs de la SOPAFER ont promis d’œuvrer pour que ce service puisse fonctionner le plus longtemps que possible et ont insisté sur le changement de comportement. Des prières et bénédictions ont été faites pour la pérennisation de l’activité ferroviaire et la réussite de la transition.

B. M. SISSOKO
Source: L’Essor

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