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#Mali La tuberculose bovine : Lumière sur une zoonose méconnue au Mali

#Mali La tuberculose bovine : Lumière sur une zoonose méconnue au Mali

Les zoonoses, ces maladies qui se propagent des animaux aux humains, comprennent des affections bien connues telles que la grippe aviaire, la rage, ou encore le virus Ebola. Cependant, parmi ces pathologies, la tuberculose bovine demeure dans l’ombre malgré sa menace réelle pour la santé publique au Mali.

La tuberculose (TB) est une maladie infectieuse provoquée par une mycobactérie qui se transmet par voie aérienne aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Elle touche le plus souvent les poumons mais atteint aussi parfois d’autres organes et peut évoluer vers le décès si elle n’est pas traitée. M.T, un patient sous traitement pour la tuberculose, illustre les réalités que vivent les personnes touchées par cette maladie. «Mes premières impressions étaient un mélange de peur et d’incertitude. La stigmatisation liée à la tuberculose m’inquiétait autant que les symptômes eux-mêmes», confie-t-il. Quadragénaire, M.T, s’est rendu à l’hôpital ce matin là, pour faire le diagnostique de «ce rhume» : une toux et la fièvre qui semblaient résister à tous les traitements qu’il faisait. Assis dans sa famille, le regard lointain, un voile de tristesse couvre le visage de notre survivant, il nous plonge dans son combat personnel, expliquant comment la maladie a affecté sa vie quotidienne, sa famille et son travail. Pour lui, «le traitement peut sembler difficile, mais il est important de suivre les conseils des médecins. La tuberculose peut être surmontée avec le bon traitement et le bon état d’esprit», conclut-il.

La dure réalité

La tuberculose bovine est une maladie complexe, qui peut être contractée à travers le contact avec des animaux infectés, en particulier les bovins et par la consommation de lait frais non pasteurisé. Les signes peuvent être confondus avec d’autres problèmes de santé, rendant le diagnostic difficile. C’est pourquoi l’approche qualité adoptée au sein du Centre de santé de référence (CSRef) de Kalaban Coro, est cruciale pour détecter rapidement les symptômes et permettre un traitement précoce.

Pour Dr Alpha LY, médecin d’Appui tuberculose au CSRef de Kalaban Coro, il y a plusieurs types de tuberculose selon une classification clinique : la tuberculose pulmonaire et la tuberculose extra- pulmonaire : ganglionnaire, osseuse… et la catégorisation peut se faire également par voie de transmission et là nous avons la tuberculose humaine. Dans son combat de tous les jours, Dr Ly, a rencontré des cas de patients tuberculeux dont la contraction était d’origine animale «Nous avons déjà eu des patients qui avaient la tuberculose ganglionnaire et dont les antécédents étaient la consommation du lait non-pasteurisé», constate-t-il. Les patients ayant la tuberculose bovine sont traités comme les autres (d’origine humaine), avec les mêmes médicaments. «La phase intensive dure 2 mois, suivie de 4 mois de phase d’entretien. Seule la tuberculose osseuse et méningée nécessite un an de traitement. Alors que tous les autres types nécessitent que seulement 6 mois», nous explique Dr LY, médecin d’appui tuberculose du Csref de Kalaban Coro

Selon le spécialiste, la collaboration entre les professionnels de santés humaine et animale pour lutter contre la tuberculose bovine est « très timide » au Mali, ce qui pourrait sensibiliser le maximum de personnes.

Une maladie sous-diagnostiquée

En 2017, lors de l’atelier «Une Seule Santé » pour évaluer les zoonoses prioritaires au Mali, il est ressorti que près de 1,5 % de la population était touchée par la tuberculose bovine. Les élevages intensifs en périphérie des villes présentaient un risque plus élevé, avec près de 19 % d’animaux testés positifs. La maladie est souvent sous-diagnostiquée, soulignant la nécessité de mesures préventives plus rigoureuses.

L’urgence de prévention

Le vétérinaire Koni Dembélé rappelle combien il est crucial de rester vigilant face à la tuberculose bovine. Les bovins toussant de manière inhabituelle ou perdant du poids sans raison apparente peuvent être porteurs de cette maladie. «Les bovins atteints de cette maladie doivent être éloignés des autres car sa contagion est très rapide», a-t-il ajouté. Dans certains cas, la consommation de lait ou de viande non pasteurisés provenant d’animaux infectés peut propager la maladie chez les humains. Les méthodes de prévention comme le contrôle de l’infection chez les bovins et la pasteurisation du lait, sont essentielles pour endiguer cette menace.

La tuberculose bovine reste une zoonose peu reconnue mais sa gravité ne doit pas être sous-estimée. Les autorités sanitaires et les professionnels de la santé jouent un rôle crucial dans la sensibilisation, la détection précoce et la prévention de cette maladie. Les campagnes d’éducation, la promotion de la pasteurisation du lait et le renforcement de la vaccination animale sont des étapes essentielles pour protéger la population malienne de cette menace insidieuse.

La tuberculose bovine représente un défi de santé publique souvent mésestimé. Pourtant, il est temps de la placer sous les feux de la rampe et de prendre des mesures pour réduire son impact. Les ressources, la coopération entre professionnels de santé et la sensibilisation de la population sont nos meilleures armes pour préserver la santé de tous et construire un Mali plus sûr et en meilleure santé.

Aly DIABATÉ

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