Dans la crise multidimensionnelle que mine le Sahel, la facette sécuritaire est la plus dominante. Guerre asymétrique, le terrorisme donne du fil à retordre aux Etats sahéliens. À retenir que le Sahel est une entité géographique englobant des pays comme le Mali, le Burkina, le Niger le Tchad, la Mauritanie. Mais, ces trois pays (Mali, Niger, Burkina) sont les espaces les plus conflictuels, le théâtre d’affrontements entre forces armées conventionnelles et groupes armés violents et extrémistes.
Parmi, les acteurs majeurs de la violence terroriste les plus médiatisés figurent : Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Eddine, Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), Al-Morabitoune, Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), État islamique au Grand Sahara (EIGS), Ansaroul Islam, Front de Libération du Macina (FLM).
Quelles sont les racines du mal ? La fragilité des Etats sahéliens à avoir le contrôle absolu de leurs espaces, les insuffisances numériques des troupes mêlées à celles des équipements militaires, les disfonctionnements de la gouvernance, la corruption comptent beaucoup dans l’éclosion des défis sécuritaires au Mali. Et dont le pic semble avoir été atteint en 2012.
C’est l’absence de l’Etat qui a entraîné l’émergence des légitimités de substitution. Celles-ci lèvent les impôts, rendent la justice et dictent leurs lois aux populations abandonnées à elles-mêmes.
Qu’il s’agisse des groupes terroristes ou qu’il s’agisse des milices communautaires, on assiste donc à une remise en cause de l’Etat, un rejet de la gouvernance proposée.
Pour comprendre les racines de la violence extrémiste dans la zone du Sahel, une source universitaire estime qu’il faut également prendre en compte les logiques de protection de la communauté et celles des activités, telles que la pêche ou l’élevage ou encore le trafic d’êtres humains ou de drogue. Donc, pour certains acteurs violents, le fait d’appartenir à un groupe extrémiste permet de changer de statut social dans une société fortement hiérarchisée, où il y a des familles dominatrices et des familles dominées.
D’autres facteurs expliquent le déferlement de la violence dans le Sahel. A savoir l’explosion démographique et le changement climatique. En effet, le nombre des populations va crescendo et la jeunesse en constitue l’écrasante majorité. Ainsi, ce défi démographique entraîne une crise alimentaire. Car, les ressources vivrières sont insuffisantes pour couvrir les besoins alimentaires.
En plus de cela, on note la raréfaction des ressources en raison des réalités défavorables du climat pour l’agriculture. C’est dire donc que les effets du changement climatique font avancer le désert et frappent d’ankylose les activités agricoles. Les terres deviennent infructueuses en raison d’un environnement hostile et d’une pluviométrie insuffisante.
Le retard économique, avec son corollaire la paupérisation extrême des populations, prédispose également les individus à rejeter l’Etat central en rejoignant les groupes violents. Quant à l’engagement des jeunes dans ces forces antagonistes, il s’explique, d’une part par des défis économiques comme la pauvreté et le chômage ; d’autre part par l’insuffisance de la formation scolaire reçue.
En définitive, les solutions seules militaires ne suffisent plus. Puisque les causes réelles sont sociales. Autant mettre en avant des politiques de développement.
Lassana Nassoko
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