Les ambassadeurs africains appellent à une mise en œuvre accélérée de la Zone de libre-échange continentale africaine et du Marché unique du transport aérien en Afrique

Dakar, 25 mai 2023 – L’Institut africain de développement économique et de planification (Idep), en collaboration avec les ambassadeurs du groupe africain du corps diplomatique accrédité au Sénégal, a organisé, ce mercredi 24 mai 2023, une table ronde de haut-niveau sur le thème «Etat des lieux, défis et perspectives de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et le Marché unique du transport aérien en Afrique (Mutaa)».
Cette table ronde, qui s’inscrit dans le cadre de la Série de séminaires de l’Idep sur le développement, est une contribution de l’Institut à la Journée de l’Afrique célébrée chaque année le 25 mai et qui coïncide cette année avec le 60ème anniversaire de l’Organisation de l’Union africaine (OUA) devenue Union Africaine (UA), sous le slogan « Notre Afrique notre future». Cet anniversaire coïncide aussi avec les 60 ans d’existence de l’Idep célébrée en 2023.
Le thème de cette année s’accorde aussi parfaitement avec le thème de l’année 2023 de l’Union africaine qui est «l’année de la Zlecaf : accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine». Ce thème vise à susciter un plus grand engagement politique en faveur du commerce en tant que programme de développement pour l’Afrique. Il servira à mobiliser des solutions et la solidarité pour transformer cette vision en réalité, en vue de créer des liens avec les États membres, les organes de l’UA, les acteurs du secteur privé, les partenaires du développement et d’autres parties prenantes, qui ont des rôles importants à jouer pour accélérer la mise en œuvre de la Zlecaf.
«La Zlecaf et le Mutaa sont liés et se renforcent mutuellement. La Zlecaf a entre autres objectifs spécifiques de contribuer à la circulation des capitaux et des personnes et de faciliter les investissements. Un fonctionnement efficace du Mutaa, quant à lui, permettrait aux habitants de la région de gagner en confort et en choix de compagnies aériennes, de réduire les temps de vol, d’opportunités d’affaires et de renforcer les liens culturels par le développement progressif du tourisme d’affaires et de loisirs», a souligné Karima Bounemra Ben Soltane, directrice de l’Idep.
Aminata Maiga, Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies au Sénégal a salué la collaboration en cours entre l’IDEP et les ambassadeurs du Groupe africain. «Les objectifs de l’Union Africaine sont en droite ligne avec les Objectifs de développement durable (ODD). La mise en œuvre réussie de la Zlecaf nécessite une coordination étroite entre les Nations unies, l’Union africaine et les pays afin de garantir des politiques commerciales bénéfiques et durables». Elle en outre déclaré que «Les Nations unies continueront à se tenir aux côtés des peuples, des Nations et des Organisations régionales et continentales pour construire une Afrique prospère».
«Il est inimaginable qu’on continue à avoir ces grandes difficultés pour passer d’une capitale à une autre en Afrique. Il y a un travail extraordinaire qui est fait à l’Union africaine et il serait temps que les diplomates s’approprient la Zlecaf et le Mutaa, deux problématiques étroitement liées et fondamentales pour notre continents », a relevé S. E. Michel Régis Onanga Mamadou Ndiaye, Ambassadeur de la République du Gabon, Doyen du groupe africain des ambassadeurs au Sénégal.
Le séminaire a vu les communications de Wamkele Mene, secrétaire général de la Zlecaf, d’Angeline Simana, Directrice du Transport aérien de la Commission africaine de l’aviation civile (CAFAC), de Prosper Zo’o Minto’o, Directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et de Jason MC Cormack, Chargé des affaires économiques à la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
«Il y a beaucoup d’obstacles mais la Zlecaf offre des opportunités vers la création d’un marché unique en Afrique. Nous avons établi trois protocoles sur l’investissement, la concurrence et la propriété intellectuelle qui sont des piliers dans la mise œuvre et tout cela ne serait pas possible sans les partenaires qui se sont engagé à appuyer la Zlecaf afin que nous allions au-delà des accords commerciaux», a déclaré Wamkele Mene, Secrétaire général de la Zlecaf.
La Zlecaf et le Mutaa sont deux des projets phares de l’Agenda 2063 et s’inscrivent dans la perspective historique du Traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine. L’accord de la Zlecaf est entré en vigueur en 2019 et la mise en œuvre a commencé en 2021. Tandis que la Déclaration sur la création d’un Mutaa a été adoptée en janvier 2015 et le lancement officiel effectué en janvier 2018.
L’objectif de la Zlecaf, est de créer un marché continental unique pour les biens et services, avec une libre circulation des personnes et des opportunités d’investissements, tout en améliorant la compétitivité et en soutenant la transformation économique. La Zlecaf représente une avancée effective en matière d’intégration régionale, d’industrialisation, de développement des échanges commerciaux et de transformation structurelle dans le continent.
Selon des estimations récentes de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations Unies, la Zlecaf devrait accroître le commerce intra-africain de services de transport de près de 50 %. En valeurs absolues, il est indiqué qu’avec une Zlecaf, plus de 25 % des gains commerciaux africains dans le domaine des services du commerce intra-africain iraient uniquement au transport et près de 40 % de l’augmentation de la production de services en Afrique concernerait les transports.
A l’instar de la Zlecaf, le Mutaa, regorgerait de plusieurs avantages à même de renforcer la connectivité entre les États et entre les régions. Selon l’Association du Transport Aérien International (IATA), à ce jour, 34 pays ont adhéré au Mutaa, représentant 80% du marché de l’aviation existant en Afrique.
En plus de l’augmentation prévue des fréquences à hauteur de 27% sur les routes aériennes existantes, le Mutaa permettrait par ailleurs la réalisation d’économies d’échelle d’environ 500 millions de dollars en tarifs passagers, la libre concurrence, l’ouverture de nouvelles liaisons commerciales et la protection de l’environnement, et le développement du secteur privé de l’aviation civile.
Pour l’IDEP et les diplomates de ses Etats membres, cette table ronde, qui a réuni des fonctionnaires de haut-niveau, des décideurs politiques, des chercheurs et des représentants d’organisations internationales, était une occasion de réfléchir sur les enjeux et les défis auxquels fait face notre continent en matière de développement.
À l’issue des échanges, les ambassadeurs ont appelé les pays à faire preuve de plus d’engagement pour lever les barrières existantes dans la mise en œuvre des deux projets. Une approche régionale est nécessaire pour sensibiliser et soutenir les États non performants. Le rôle du secteur privé et de la société civile a été jugé nécessaire pour l’accélération de la mise en œuvre de la Zlecaf et du Mutaa.

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