𝗧𝗮𝗽𝗶𝘀𝘀𝗲𝗿𝗶𝗲 𝗡𝗶𝗲𝗹𝗲𝗻𝗶 𝗱𝗲 𝗦é𝗴𝗼𝘂 : à 𝗹’é𝗽𝗿𝗲𝘂𝘃𝗲 𝗱𝘂 𝘁𝗲𝗺𝗽𝘀 !   

𝐋𝐨𝐧𝐠𝐭𝐞𝐦𝐩𝐬 𝐫é𝐩𝐮𝐭é 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐛𝐫𝐚𝐯𝐨𝐮𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐜𝐫é𝐚𝐭𝐢𝐯𝐢𝐭é 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐦𝐞𝐬, 𝐥𝐞 𝐜𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐍𝐢𝐞𝐥𝐞𝐧𝐢 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐢𝐧𝐮𝐞 𝐬𝐚 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐞, 𝐦𝐚𝐢𝐬 à 𝐩𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐚𝐦é𝐥é𝐨𝐧.

Du tri de pelage de mouton au tissage, en passant par le filage, les femmes du centre Nieleni font montre d’une créativité pure et artisanale. Dans la grande cour de la tapisserie, l’atelier de tissage est en face, sous la terrasse. Maimouna Diakité, une quinquagénaire, file la toison sur la terrasse. À l’intérieur, deux vieilles dames, dont Marietou Koumaré, une pionnière du centre, procèdent au tissage. Elles ne sont pas nombreuses ce jour-là, mais cette équipe se débrouille pour satisfaire les 10 commandes sur la table. Autrefois, ce centre regroupait une centaine de femmes, aujourd’hui nous n’avons retrouvé que quatre dames sur les douze permanentes.

Le travail n’est plus rentable

Le centre Nieleni est une coopérative multifonctionnelle de femmes, créée en 1982 à Ségou. Les activités de Nieleni reposent sur la tapisserie artisanale. Avec des commandes qui se font rares, le centre se désemplit : « les gens se sont découragés, d’autres sont décédés et certains estiment même que ce travail n’est plus rentable, car les Blancs (touristes, NDLR) qui venaient régulièrement ne viennent plus », nous explique Marietou Koumaré, la doyenne de la tapisserie.

Les tapis sont faits entièrement à la main. La confection d’un seul peut prendre jusqu’à trois mois. Les matières premières sont : la laine de mouton en provenance de Mopti, le fil de coton de la Comatex (compagnie malienne de textiles) et un mélange de teintures. «La procédure veut que les pelages soient triés minutieusement, puis filés avant d’être tissés avec les fils de coton. Le mètre carré est vendu à 70 000 FCFA», nous explique la vielle dame. « Ce travail est minutieux. Il faut prendre tout son temps pour bien le faire. Nous passons trois mois à le confectionner, mais nos tapis ont une durée de vie indéterminée », affirme Maimouna Diakité.

Un gagne-pain

À présent, elles ne sont que des vieilles dames, majoritairement veuves. Cette tapisserie leur permet néanmoins de répondre à leurs besoins comme cela a toujours été le cas. Elles déplorent toutefois le manque d’accompagnement. « On se demande si les autorités sont encore au courant de notre existence. Depuis le temps du président Alpha Oumar Konaré, qui avait l’habitude d’acheter des tapis chez nous, nous n’avons vu aucune autorité à notre compagnie », déplore Marietou.

Le plus important pour ces femmes, ce n’est une reconnaissance mais plutôt préserver cet héritage. Elles souhaitent que l’État adopte une politique orientée vers la formation des jeunes à ce travail dans leur centre pour éviter qu’il ne disparaisse. «Mon vœu le plus ardent est d’initier les jeunes filles à ce tissage artisanal singulier à la tapisserie Nieleni de Ségou» exprime Marietou KOUMARE.

Envoyé spécial

Aboubacar SANGARÉ

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