LA SURABONDANCE POUR BAISSER LES PRIX

Le lendemain des sanctions économiques et financières inhumaines imposées à notre pays par la Cedeao et l’Uemoa, les Maliens ont été surpris de constater une hausse brusque des prix de certaines denrées notamment le sucre et l’huile alimentaire. Le kilo du sucre étant passé de 600 Fcfa à 650 voire 700 et 750 Fcfa par endroits.

En effet, nos compatriotes s’attendaient à un sursaut patriotique de la part de nos commerçants importateurs et exportateurs pour aider à stabiliser les prix face à cette situation nouvelle. Et conformément à leurs engagements vis-à-vis du gouvernement. L’on se rappelle que pour éviter une forte inflation qui aurait pu provoquer des remous sociaux dans un contexte politique très tendu à l’époque, le gouvernement a renoncé à 50% de la base taxable à l’importation du sucre, du riz, de l’huile alimentaire… afin de faire face à la hausse des prix des principaux produits alimentaires sur le marché international.

Le manque à gagner de cette mesure au niveau des cordons douaniers (recettes de l’État) est évalué à 18 milliards de Fcfa. L’État a renoncé à cette manne au profit d’une dizaine de marchands pour permettre au citoyen lambda d’avoir accès à ces produits à un prix raisonnable. Mais, les prix convenus sont loin d’être effectifs partout, malgré ce sacrifice fait par les décideurs.

Ce revirement est, selon les détaillants, dû au fait que le sac de 50 kg de sucre leur est cédé à 30.000 Fcfa par les semi-grossistes. Il s’agit là d’une dizaine de commerçants triés sur le volet par les quelques privilégiés qui ont accès aux intentions d’importation. Ceux-ci ravitaillent, à leur tour, les autres éléments de la chaine.

Une hausse que rien ne saurait justifier, selon nombre d’observateurs et d’acteurs. Ils sont unanimes : la hausse récente des prix de certaines denrées notamment du sucre relève d’une pratique spéculative entretenue par un des commerçants import-export privilégiés. Qui, pour presser le gouvernement à faire des concessions, retient des produits de base quelques jours voire quelques semaines en refusant de les céder aux semi-grossistes. Le marché obéissant à la loi de l’offre et de la demande, les prix prennent l’ascenseur au fur et mesure que le produit devient rare sur le marché. Les commerçants en profitent pour maintenir la courbe tarifaire vers le haut au détriment des consommateurs.

Pour combattre cette pratique, les équipes de la direction générale du commerce, de la concurrence et de la consommation (DGCC) diligentent leur mission «sacerdotale de maintien de l’ordre économique et commercial». Objectif : stabiliser les prix et lutter contre les pratiques commerciales frauduleuses en cette période de sacrifice commun.

Un éternel recommencement pour des résultats mitigés aux yeux des consommateurs. Ils s’interrogent : pourquoi les autorités ne permettent pas à tous les commerçants qui en ont les moyens et qui en expriment le besoin, d’approvisionner le pays en produits de première nécessité ? L’abondance de l’offre sur le marché étant la seule manière de faire baisser les prix.

Cheick M. TRAORÉ

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